Le Point : Au secours, Anne Hidalgo revient pour saccager Paris !

Un nouvel article du Point met en exergue les erreurs de la politique de la Ville de Paris. La journaliste Christine Clerc dénonce très précisément les préjudices que subit notre arrondissement, notamment les abattages d’arbres et l’absence d’espaces verts à Saint-Vincent-de-Paul.

CHRONIQUE. Son score à la présidentielle aurait dû amener la maire socialiste de Paris, sinon à démissionner, du moins à écouter les Français et à réviser ses projets.

Par Christine Clerc

Durant huit mois de campagne, comme nous l’avons plainte ! Parfois même, quand nous espérions encore voir d’autres femmes que Marine Le Pen émerger dans le peloton de tête, sa ténacité forçait notre admiration. Quand, le dimanche 12 septembre 2021 à Rouen, non loin de la place où fut brûlée Jeanne d’Arc, Anne Hidalgo se déclare candidate « humblement pour offrir un avenir à nos enfants », elle nous émeut en ajoutant : « Je pense à mon père, ouvrier de chantier, à ma mère, couturière. »

Mais depuis, quelle dégringolade ! Partie avec 5 % d’espérances de voix quand Jean-Luc Mélenchon n’en comptait encore que 7 %, la maire de Paris allait terminer la course amaigrie, épuisée, presque blême, avec un score inimaginable, même dans les rêves des adversaires de la gauche.

Elle avait pourtant tout essayé : 70 propositions, parmi lesquelles augmenter le smic de 200 euros par mois, accorder le droit de vote dès 16 ans et « mener une grande politique écologique en atteignant le 100 % renouvelable aussi vite que possible ». Comme cela ne prenait pas, elle avait créé la surprise, le 8 décembre à Poitiers, en descendant d’un train qui la menait vers La Rochelle pour regagner Paris et annoncer le soir même sur TF1 qu’elle souhaitait désormais une primaire de la gauche . À partir de là, elle allait scander « J’irai jusqu’au bout ». Mais tout le monde se moquerait d’elle. Lors de son dernier meeting, le 3 avril au Cirque d’hiver de Paris, devant un public clairsemé, elle trouvait encore la force de proclamer : « La gauche qui est là aujourd’hui, c’est le refus du fatalisme ! » Mais cinq jours plus tard, elle descendait encore trois marches pour parvenir, le soir du premier tour de la présidentielle, à un humiliant 1,7 % des suffrages – très loin derrière le chef de La France insoumise, loin derrière les candidats du Parti communiste et des Verts… et même derrière le pittoresque Béarnais Jean Lassalle. Avec sa grosse voix et son rire, cet homme seul, ne disposant, lui, ni des moyens d’un grand parti ni des conseils de cabinets de communication, avait attiré près du double d’électeurs : 3,13 % !

La gauche a perdu sa magie

Anne Hidalgo aurait dû s’y attendre. Depuis François Mitterrand, qui enchanta le peuple de gauche par son éloquence et sa promesse de créer un million d’emplois – qui lui permit de rassembler 52,06 % des électeurs au second tour de l’élection de 1981 face au président sortant Valéry Giscard d’Estaing –, la gauche avait perdu sa magie. La cohabitation avait bien permis à Mitterrand de regagner plusieurs points de popularité en fin de septennat et de l’emporter de nouveau face à Jacques Chirac en 1988 (par 53,9 %). Mais que d’espérances déçues ! Le PS ne s’en remettrait pas. En proclamant « Mon adversaire, c’est le monde de la finance », François Hollande allait certes se faire élire en 2012 contre Nicolas Sarkozy, mais par 51,64 % des voix seulement. Depuis, quelle dégringolade ! Avec 6,3 % au premier tour de la présidentielle 2017, Benoît Hamon ramenait les socialistes 48 ans en arrière, quand le maire de Marseille, Gaston Defferre, n’obtenait face à Georges Pompidou que 5 % des voix.

Souvent, pour se rassurer, Anne Hidalgo se souvient donc que la défaite vient de très loin. Son score catastrophique va ruiner le Parti socialiste. Mais, après tout, songe-t-elle, elle n’a fait que payer les erreurs de ses prédécesseurs. Et puis elle n’a pas été soutenue : voyez le manque d’enthousiasme du premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Alors, la maire de Paris organise, l’avant-veille du scrutin, un dîner au Sénat avec Martine Aubry et Johanna Rolland, les maires de Lille et de Nantes, et la présidente d’Occitanie, Carole Delga, nouvel espoir du PS… mais sans le premier secrétaire du parti ! C’est qu’elle entend se venger. Feindre d’être l’organisatrice des mystères… et continuer de s’imposer comme la maire de la capitale et la patronne des JO de 2024.

La sanction des Parisiens

Seulement voilà : Anne Hidalgo n’a pas vu qu’à Paris même, où elle fut réélue en 2020 avec 235 000 voix, seuls 22 935 électeurs – dix fois moins qu’aux municipales ! – ont, ce 10 avril 2022, déposé dans l’urne un bulletin à son nom. Elle n’a pas vu la saleté des trottoirs, les dépôts d’ordures sauvages, ni les dégradations en tout genre et les chantiers inachevés dénoncés par Saccage Paris, un site suivi par des dizaines de milliers de citoyens. Elle n’a pas voulu entendre ses propres électeurs. Loin de s’interroger sur les raisons de leur colère, elle a poursuivi son entreprise. Alors que Paris est l’une des capitales les moins « vertes » d’Occident (Londres et New York ont presque deux fois plus d’espaces verts par habitant), elle a fait abattre des dizaines d’arbres séculaires, comme ceux plantés par Chateaubriand dans le parc de sa demeure, proche de Denfert-Rochereau.

Disposant encore de jardins, comme ceux de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, où Malraux avait interdit de construire, elle a fait attaquer à la bétonneuse ces terrains fragiles afin d’y bâtir des cités sans arbres, baptisées « écoquartiers ». Lassés de n’être pas entendus, des habitants ont-ils « mal voté » ? La maire a décidé d’accélérer les travaux. Des engins puissants se sont donc attaqués à la place de Catalogne, dessinée il y a 40 ans à la demande de Jacques Chirac par le célèbre architecte espagnol Ricardo Bofill (mort le 14 janvier 2022), afin de détruire non seulement la fontaine, dont l’eau avait été coupée, mais aussi la vaste dalle centrale en pente. Sur cet espace saccagé, pourra-t-on replanter les arbres de Chateaubriand ? Ne rêvons pas. Cependant, bien que la ville, surendettée, soit menacée de mise sous tutelle, Anne Hidalgo s’apprêterait à lancer d’autres projets exorbitants, comme la plantation de centaines d’arbustes place de la Concorde. Dût-elle vendre l’obélisque aux enchères !