Analyse critique du projet

Projet de la ville de Paris pour le quartier Saint-Vincent-de-Paul

Une densité excessive et mal répartie :

Paris est la 5ème ville la plus dense du monde et la plus dense de l’Union Européenne (210 habitants à l’hectare, source INSEE).

Avec les 600 logements familiaux, soit environ 1800 habitants, que la Ville de Paris se propose de réaliser sur le site saint-Vincent-de-Paul de 3,4 hectares, cette densité avoisinera 530 habitants à l’hectare !

Pourquoi une telle frénésie de « bétonisation » ?

Cette densité excessive et, de surcroit, fort mal répartie, conduira inévitablement à réaliser de nombreux bâtiments très élevés, atteignant le plus souvent le maximum autorisé par le Plan Local d’Urbanisme (PLU), soit 31 mètres ou 11 étages, bouleversant ainsi profondément l’horizon et la physionomie du quartier tout entier.

Une conservation incompréhensible de bâtiments anciens :

Alors qu’aucun bâtiment sur ce site n’est « classé », donc protégé, le projet prévoit notamment de réhabiliter et de surélever le bâtiment « LELONG » (briques rouges au droit de la Fondation Cartier), au motif de « …témoigner de l’évolution du site », selon la Ville de Paris.

Est-ce ainsi que l’on construit le Paris de demain en conservant des bâtiments des années 1950, dépourvus d’isolation thermique et phonique, disposant de fenêtres étroites correspondant aux trames de chambres hospitalières et n’offrant strictement aucun intérêt architectural ?

Un quartier enclavé :

Ce quartier ne disposera que d’une entrée rue Boissonade et de 3 entrées avenue Denfert Rochereau dont 2 passages sous immeubles particulièrement étroits, sous les bâtiments anciens conservés « Robin » et « Oratoire », desservant les 2 principaux bâtiments dédiés au logements sociaux, au risque de favoriser le développement de la délinquance et de l’insécurité.

Ô combien cet urbanisme rappelle-t-il les cités HLM de banlieue (et même de Paris !) dont « l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine » (ANRU) initiée en 2002 par Jean-Louis Borloo, finance aujourd’hui la démolition !

Une mixité sociale mal comprise :

La prédominance de logements sociaux ou sociaux intermédiaire (70%), voulue par la Ville de Paris ignore ou néglige les principes fondamentaux du bon équilibre sociologique d’un quartier favorisant la mixité et l’intégration, qui imposent nécessairement qu’au sein d’un même ensemble immobilier, la proportion de logements sociaux demeure minoritaire.

Le quota de 25% de logements sociaux, dorénavant obligatoire pour tout futur ensemble immobilier, nous semblerait ici infiniment plus pertinent, d’autant que le 14ème arrondissement compte aujourd’hui 26 % de logements sociaux et satisfait par conséquent d’ores et déjà à cette obligation.

Pourquoi la Ville de Paris a-t-elle systématiquement refusé, sans pour autant remettre en cause ces 70 % de logements sociaux, de prendre en considération nos demandes et de dédier une partie de ce contingent à la création d’un EHPAD social et de logements étudiants, ce qui permettrait d’enrichir ce futur quartier d’une mixité intergénérationnelle ?

Trop peu d’espaces verts :

La densité excessive du site et la conservation de bâtiments anciens conduisent inévitablement à restreindre les espaces verts, désormais incompatibles avec les contraintes de desserte des bâtiments, au point que ceux-ci sont aujourd’hui appelés : « espaces publics paysagés ».

Avec seulement 4 000m2 (soit seulement 11% de l’emprise foncière totale), dont une partie importante sera nécessairement réservée à la circulation (camions de livraison, vélos etc.) la Ville de Paris s’inscrit en totale contradiction de la démarche écologique d’un site aéré, paysagé et convivial, que tout le monde rêve d’habiter et qu’elle n’aura donc pas su réaliser.

Et les portions congrues de « potagers », « jardins partagés », « façades ou terrasses végétalisées » etc., n’y changeront hélas, strictement rien !